Un ex-collaborateur “exploité” par le député RN Emmanuel Taché lui réclame près 250 000 euros

Militant du RN propulsé attaché parlementaire du député gardois, Nicolas Tellier raconte avoir été “exploité” en étant employé comme chauffeur aux conditions de travail infernales et hors-la-loi. Il dénonce des heures supplémentaires non payés, du harcèlement moral et un licenciement abusif…

Le député RN Emmanuel Taché.

Décidément, le Rassemblement national (RN) est en délicatesse avec les lois qui régissent le statut d’assistant parlementaire au Parlement européen. Dans ce cas, contrairement au dossier qui a valu condamnation à Marine le Pen et à nombre de ses proches dans l’affaire des assistants européens (elle a fait appel) le collaborateur en question, Nicolas Tellier, était tout sauf un emploi fictif. Bien au contraire, il a attaqué ce mercredi 4 novembre devant le tribunal des prud’hommes de Marseille son ancien employeur, le député arlésien Emmanuel Taché, un très proche du vice-président du parti Sébastien Chenu, pour avoir été exploité sans vergogne, assure-t-il. Et au prix d’une impressionnante liste d’entorses au Code du travail…

L'ex-salarié du député RN Emmanuel Taché lui réclame près de 250 000 euros  devant les prud'hommes

Militant de terrain zélé de la formation d’extrême droite depuis 2015, et candidat aux législatives en 2022 à Marseille, Nicolas Tellier a abandonné cette même année son emploi dans la sécurité pour un prometteur poste d’attaché parlementaire auprès d’Emmanuel Taché, fraîchement élu dans la 16e circonscription des Bouches-du-Rhône. Sur la fiche de poste de son CDI, rappelle son avocat Serge Tavitian, Nicolas Tellier était censé effectuer un temps partiel de 17,5 heures par mois, en accomplissant des fonctions aux titres pompeux : “Analyse juridique générale“, “expertise sur les enjeux du territoire“, “participation aux réunions sur les travaux parlementaires…“, liste l’avocat. “En réalité, mon client qui n’a pas le BAC et n’a pas fait d’études, ce qui n’est pas un défaut, a été embauché pour être le chauffeur de Mr Taché qui n’a pas le permis et n’habite même pas les Bouches-du-Rhône, mais dans la région de Nîmes“, cingle-t-il.

Le député Emmanuel Taché (RN) sommé par la justice d'abandonner l'ajout 'de  la Pagerie' à son nom | LCP - Assemblée nationale

Avec sa propre voiture pendant un an, Nicolas Tellier raconte avoir été soumis à des cadences infernales, à temps pleins, et même les dimanches et jours fériés. “Près de 200 heures par semaine et 130 000 kilomètres en un an et huit mois”, a-t-il témoigné. Jusqu’à son licenciement en 2024, à la suite de la dissolution décrété par Emmanuel Macron. Une rupture brutale, malgré la réélection d’Emmanuel Taché, qui a conduit Nicolas Tellier à se retourner contre son camp. Dans une procédure distincte, Nicolas Tellier a également déposé plainte au pénal pour “abus de confiance” et “usurpation d’identité”, en reprochant à Emmanuel Taché d’avoir par la suite utilisé une voiture de fonction dont “la carte grise” est toujours à son nom.

“Je ne serais pas invité au repas de Noël”

Une démarche douloureuse pour ce cousin du candidat RN à la mairie de Marseille, Franck Allisio, et neveu de la députée Monique Grisetti. “Je ne serai pas invité au repas de Noël“, sourit tristement ce quadragénaire “mis au placard” du parti. À l’offensive, son avocat réclame la requalification de son contrat de travail d’attaché parlementaire, précaire par nature, en celui de chauffeur personnel d’Emmanuel Taché, censé être rémunéré directement par ce dernier. “Sinon pourquoi ne pas payer sa nounou avec de l’argent public en la faisant passer pour un attaché parlementaire ?“, tacle Me Tavitian.

Le député RN Emmanuel Taché condamné à retirer « de la Pagerie » de son  patronyme

Dans un même élan, il dénonce un “licenciement sans cause réelle et sérieuse“, du “ travail dissimulé “, du “harcèlement moral ” et demander la régularisation de 2 049 heures de travail, dont une partie en heures supplémentaires. La somme globale réclamée ? Près de 250 000 euros. “J’ai lu avec un certain délice dans les conclusions de mon confrère qu’on est bien au-delà du barème Macron. Un député RN évoquer le barème Macron pour sa défense ça m’a fait sursauter“, ironise l’avocat. La réplique du camp adverse ? Un long silence. Et pour cause : l’avocat d’Emmanuel Taché s’étant désisté en dernière minute, sa consœur, Catherine Jaouen, ancienne députée du RN dans le Vaucluse, a été envoyée au front sans munition. Elle avait demandé en début d’audience un renvoi le temps “d’étudier les pièces du dossier“. Refus du conseil des prud’hommes, flairant la manœuvre. Et grosse colère de Me Jaouen, quittant bruyamment la salle en promettant de “faire appel“. D’une décision qui sera rendue le 18 février 2026.

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