19 fourgons de la Dir Ouest percutés cette année, les agents de la route en colère

« Des comportements inadmissibles » : 19 fourgons de la Dir Ouest percutés cette année, les agents de la route en colère

50 agents de la DIR Ouest se sont mobilisés pour tenter de faire reconnaitre leur métier comme "profession à risques" ce vendredi 6 juin 2025 à Rennes

Les agents de la Dir Ouest touchent du bois, mais en ont surtout « ras-le-bol ». 19 de leurs véhicules ont été percutés depuis janvier 2025 sur les routes de l’Ouest. Ces accidents n’ont pas fait de blessés, mais le comportement des automobilistes les met en danger. Une plainte va être déposée.

Depuis janvier 2025, 19 fourgons de la Dir Ouest ont été percutés sur les routes de Bretagne et de Loire-Atlantique. Ici, un accident survenu le 17 septembre 2025.

Les agents des routes de l’Ouest se sentent aussi « démunis » qu’« en colère ». Une nouvelle fois, ce mardi 4 novembre 2025, un véhicule de la Dir Ouest (direction interdépartementale des routes de l’Ouest) s’est fait violemment percuter par un automobiliste. Ce dernier était en état d’ivresse. L’accident s’est produit vers 21 h 15, en sortie de Rennes, à l’entrée de la commune du Rheu, à l’ouest de Rennes, (Ille-et-Vilaine).

Sécurité routière. Ces agents qui sécurisent les routes au péril de leur vie

Ils sont une cinquantaine d’agents des routes, répartis dans une vingtaine de fourgons orange. Certains présents dans le cortège sont abîmés, voir explosés. Des véhicules accidentés lors d’interventions, qu’ils exhibent comme des preuves.

Ce vendredi 6 juin, à l’appel de leurs centres d’exploitation, les agents de la Direction Interdépartementale des Routes (DIR) Ouest ont mené une opération escargot sur la rocade de Rennes. Un cortège lent mais déterminé, entre Bréquigny et Cleunay, pour une seule revendication : être reconnus comme profession à risque.

Un véhicule endommagé de la DIR Ouest présenté aux automobilistes lors de l’opération escargot menée sur la rocade de Rennes par des agents inquiets pour leur sécurité. • © B. Thibaut – FTV

“J’ai sauté le muret. Cinq secondes après, une voiture percutait notre fourgon”

David, 54 ans, ancien militaire, travaille depuis six ans au bord des routes. En septembre, il est intervenu sur la nationale 12 pour dégager un sanglier mort :

“Il était au milieu de la voie de gauche. On a posé les panneaux, les flèches lumineuses. J’étais au sol quand j’ai vu une voiture foncer. J’ai sauté par-dessus le muret. Cinq secondes plus tard, elle percutait notre fourgon.”

David n’a rien eu. Cette fois. “Mais c’est tous les jours qu’on frôle la catastrophe. Hier encore, un livreur nous a insultés, il roulait sur la bande d’arrêt d’urgence.”

Ce que dénoncent les agents aujourd’hui, c’est le décalage entre leur rôle, protéger les automobilistes, et le mépris qu’ils subissent.

“On se fait engueuler alors qu’on vient sécuriser un accident”, déplore Stéphane, 20 ans de métier. Lui se souvient d’un moment glaçant : “Un mec est arrivé à contresens à 150 km/h, il nous a vus, il a foncé dans le balayage sans ralentir.”

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Un ras-le-bol partagé dans toute la DIR Ouest

L’initiative, partie du terrain, n’est ni syndicale ni gréviste. Les agents d’Ille-et-Vilaine ont voulu faire bloc après deux événements récents : la mort d’un collègue en Île-de-France le 14 mai, percuté par un poids lourd, et un accident spectaculaire le 22 mai à Rennes.

Ce soir-là, une BMW impliquée dans une course-poursuite avec la BAC percute un fourgon de la DIR en pleine opération de fauchage nocturne. Deux agents sont secoués mais s’en sortent.

Ils sont une cinquantaine d'agents des routes, répartis dans une vingtaine de fourgons orange.

Ils sont une cinquantaine d’agents des routes, répartis dans une vingtaine de fourgons orange. • © Benoit Thibaut – France Télévisions

Mickaël, 17 ans de service, a connu plusieurs frayeurs :

“Une fois, un camion citerne nous est rentré dedans. Il a percuté de plein fouet notre fourgon. On ramassait un blaireau mort sur la RN137. On avait balisé, mis 35 mètres de zone tampon. Le fourgon est arrivé en toupie sur nous. Quinze secondes plus tôt, on était encore à l’intérieur.”

“Ce n’est pas une prime qu’on veut. C’est une reconnaissance durable”, glisse un agent. Pour beaucoup, être classé “métier à risque” permettrait un départ anticipé à la retraite. David tempère : “Moi je le fais pas pour moi, j’ai 55 ans. Mais pour les jeunes.”

Un autre ajoute : “On nous insulte tous les jours. Une fois, un conducteur a même sorti un couteau. Mon collègue lui avait juste demandé de libérer la bande d’arrêt d’urgence.”

“Travailler au bord des routes, c’est risquer sa vie tous les jours”

Trois fourgons accidentés accompagnaient le cortège ce matin. Des tôles froissées, des gyrophares brisés, des flèches lumineuses tordues. Autant de stigmates du danger auquel sont exposés les agents. À chaque intervention, ils s’exposent à la vitesse, à l’inattention, parfois à la violence.

“Il faut que ça monte jusqu’au ministère”, insiste Stéphane. “Depuis le premier mort à Guingamp, on en parle. Mais rien ne bouge.”

Pas de chaos sur la rocade, mais un signal clair : “On n’est pas là pour bloquer, on est là pour qu’on nous écoute.” Les routiers, autres professionnels de la route ne s’y trompent pas. Nombreux poids lourds klaxonnent en signe de soutien.

“Le dialogue est engagé”

Contactée en amont du mouvement, la préfecture d’Ille-et-Vilaine reconnaît la légitimité des inquiétudes exprimées par les agents. Dans un communiqué transmis jeudi soir, le préfet déclare :

“Les agents de la Direction interrégionale des routes Ouest travaillent sur les routes pour la sécurité de tous les usagers. Les comportements à risque et les incivilités de certains conducteurs les mettent régulièrement en danger de manière absolument inacceptable.”

Le représentant de l’État assure que les forces de l’ordre sont “particulièrement attentives” à ces situations. Il annonce que : “des actions de sensibilisation du public seront conduites dans les mois à venir.”

Quant aux revendications des agents, le préfet souligne la nécessité d’un dialogue respectueux : “L’expression des revendications des agents doit se faire dans les règles et le dialogue est engagé afin qu’elles soient respectées par tous.”